L’intelligence artificielle (IA) transforme profondément le quotidien des personnes en situation de handicap, en offrant des solutions innovantes pour renforcer leur autonomie et favoriser leur inclusion. En analysant de vastes ensembles de données, l’IA peut anticiper des complications médicales, adapter des traitements et optimiser le suivi à domicile. Par exemple, des prothèses intelligentes utilisent l’IA pour interpréter les signaux musculaires, permettant des mouvements plus naturels. De plus, des applications de reconnaissance vocale et des assistants virtuels facilitent la communication pour les personnes malentendantes ou à mobilité réduite. Cependant, il est essentiel de veiller à ce que ces technologies soient développées de manière éthique, en évitant les biais et en garantissant l’accessibilité financière pour tous.

Voici un tour d’horizon des avancées majeures

IA & Soins Médicaux Personnalisés : une révolution au service du handicap

L’intelligence artificielle (IA) transforme les soins de santé en rendant les traitements plus adaptés, prédictifs et continus.

a. Analyse des données pour mieux comprendre le patient

L’IA est capable d’analyser un grand volume de données issues de :

dossiers médicaux,
examens cliniques,
objets connectés (bracelets, fauteuils intelligents…),
historiques de traitement.

Cela permet aux médecins d’avoir une vue d’ensemble en temps réel de l’état de santé du patient, et d’identifier rapidement les signaux faibles d’une complication.

Exemple : prédire un risque d’escarre chez une personne en fauteuil en analysant les mouvements et la pression exercée sur certaines zones du corps.

b. Soins sur mesure grâce à l’apprentissage automatique

L’IA apprend des cas passés pour recommander des traitements personnalisés :

programmes de rééducation ajustés à la progression réelle du patient,
traitements médicamenteux individualisés,
ajustement automatique de prothèses ou d’appareils selon l’évolution des besoins.

Des plateformes comme Ailia Care utilisent l’IA pour adapter les appareillages orthopédiques à chaque patient, en tenant compte de son évolution, de ses douleurs ou de ses préférences.

c. Suivi à distance et télémédecine intelligente

L’IA est utilisée dans des dispositifs de télé suivi à domicile :

rappels de médicaments ou d’exercices,
détection de chutes ou d’anomalies,
alertes envoyées automatiquement au personnel médical.

Cela renforce l’autonomie des personnes et soulage les aidants, tout en maintenant une vigilance médicale continue.

d. IA et prédiction de l’évolution de la maladie

Dans les cas de pathologies chroniques ou dégénératives, l’IA peut :

modéliser l’évolution future de la maladie,
aider à choisir les meilleures options thérapeutiques,
planifier des interventions de façon préventive.

Ex. : Pour une personne atteinte de sclérose en plaques, l’IA peut aider à prédire les périodes de poussées et anticiper les soins nécessaires.

2. Prothèses intelligentes et connectées

Les prothèses intelligentes et connectées représentent une avancée significative dans le domaine de l’assistance aux personnes amputées, en combinant mécanique de pointe, électronique et intelligence artificielle pour offrir des solutions plus fonctionnelles et adaptées aux besoins individuels.

a. Fonctionnement des prothèses intelligentes

Ces prothèses utilisent des capteurs pour détecter les signaux musculaires résiduels ou les intentions de mouvement de l’utilisateur. Ces informations sont ensuite traitées par des algorithmes d’IA qui traduisent ces signaux en mouvements précis de la prothèse, permettant ainsi des gestes plus naturels et intuitifs. Par exemple, la prothèse Esper Hand, présentée au salon VivaTech 2024, est une main bionique commandée grâce à des capteurs détectant l’activité musculaire du bras, assistée par une IA qui apprend des habitudes de son utilisateur pour améliorer la dextérité.

(Source Photo : Pexels Cottonbro Studio)

b. Avantages des prothèses connectées

Personnalisation accrue : L’IA permet d’adapter la réponse de la prothèse aux habitudes et aux besoins spécifiques de chaque utilisateur, améliorant ainsi le confort et l’efficacité.
Amélioration de la dextérité : Grâce à l’analyse des signaux musculaires, certaines prothèses peuvent contrôler individuellement chaque doigt, offrant une manipulation plus précise. Par exemple, la startup américaine BrainRobotics développe une prothèse capable de dissocier le mouvement de chaque doigt en analysant les signaux émis par les muscles.
Évolution continue : Les prothèses dotées d’IA peuvent apprendre et s’améliorer avec le temps, s’adaptant aux changements physiologiques de l’utilisateur et optimisant leur performance.

c. Exemples notables

Prothèses de main myoélectriques : Ces dispositifs détectent les impulsions électriques des muscles pour contrôler les mouvements de la main robotisée. Par exemple, une prothèse développée par Nicolas Huchet utilise des capteurs pour interpréter les signaux musculaires et commander les mouvements de la main.
Prothèses de jambe à microprocesseur : Des genoux prothétiques, tels que le C-Leg, ajustent en temps réel la résistance hydraulique en fonction de la phase de marche, offrant une démarche plus naturelle et sécurisée.

Défis et perspectives

Malgré les avancées, des défis subsistent, notamment en termes de coût, d’accessibilité et d’intégration optimale des technologies. La recherche continue d’explorer des solutions pour rendre ces prothèses plus abordables et fonctionnelles. Par exemple, le projet Bionicohand vise à développer une main bionique open source à bas coût, accessible au plus grand nombre.

En conclusion, les prothèses intelligentes et connectées, en intégrant l’IA, offrent des perspectives prometteuses pour améliorer l’autonomie et la qualité de vie des personnes amputées, en leur fournissant des solutions toujours plus adaptées et performantes.

3. L’assistance à la communication

L’intelligence artificielle joue un rôle essentiel dans l’amélioration des outils de communication pour les personnes en situation de handicap, en leur offrant des solutions innovantes pour interagir avec leur environnement et autrui.

Reconnaissance vocale et transcription en temps réel

Pour les personnes sourdes ou malentendantes, des applications basées sur l’IA, telles que Rogervoice, transcrivent en temps réel les conversations téléphoniques, permettant une communication fluide et autonome. Rogervoice utilise la reconnaissance automatique de la parole pour sous-titrer les appels, facilitant ainsi les échanges téléphoniques pour les personnes ayant une déficience auditive.

a. Synthèse vocale et assistants virtuels

Les assistants vocaux, initialement conçus pour faciliter l’interaction avec la technologie, sont également bénéfiques pour les personnes à mobilité réduite. Ces technologies, basées sur l’IA, permettent de contrôler divers appareils domestiques par la voix, offrant ainsi une plus grande autonomie aux utilisateurs.

b. Interfaces cerveau-ordinateur

Des recherches récentes explorent les interfaces cerveau-IA, permettant aux utilisateurs d’accomplir des tâches complexes en fournissant des intentions de haut niveau, tandis qu’un agent IA pré-entraîné détermine les détails de bas niveau. Cette approche élargit le public cible des interfaces cerveau-ordinateur aux individus ayant des déficiences cognitives, souvent exclus des avantages des interfaces conventionnelles.

c. Applications d’aide à la communication alternative

Des logiciels comme PicTalky utilisent l’IA pour aider les enfants avec des troubles du développement du langage à améliorer leurs compétences en communication et en compréhension linguistique. PicTalky peut traiter à la fois du texte et des pictogrammes de manière précise en connectant une série de modules NLP basés sur des réseaux neuronaux.

En résumé, l’IA transforme les outils d’assistance à la communication, offrant aux personnes en situation de handicap des moyens plus efficaces et personnalisés pour interagir avec le monde qui les entoure, renforçant ainsi leur autonomie et leur inclusion sociale.

4. Aides à la mobilité et robots d’assistance

L’intégration de l’intelligence artificielle et de la robotique dans les aides à la mobilité et les robots d’assistance transforme profondément la vie des personnes en situation de handicap. Ces technologies offrent des solutions innovantes pour améliorer l’autonomie, la sécurité et la qualité de vie des utilisateurs.

a. Exosquelettes motorisés

Les exosquelettes motorisés sont des dispositifs robotiques portables qui assistent ou suppléent les mouvements des membres. Par exemple, l’Hybrid Assistive Limb (HAL), développé par la société japonaise Cyberdyne, détecte les signaux bioélectriques envoyés par le cerveau aux muscles et les amplifie pour permettre aux personnes ayant des difficultés motrices de marcher ou de se lever.

En France, la société Wandercraft a conçu l’exosquelette Atalante, qui permet aux personnes paraplégiques de retrouver une marche autonome sans béquilles. Cet exosquelette est utilisé dans des centres de rééducation pour aider les patients à réapprendre à marcher.

b. Robots d’assistance

Les robots d’assistance sont conçus pour aider les personnes en situation de handicap dans leurs activités quotidiennes. Par exemple, le robot DOMEO, développé en collaboration avec Robosoft, peut être dirigé à distance via un téléphone portable par un proche ou un médecin pour vérifier l’état de la personne et communiquer par visiophonie. DOMEO intègre des technologies avancées telles que la détection de visage, la localisation des sons et la compréhension des gestes humains.

Le bras robotisé Jaco, conçu par Kinova, est destiné aux personnes ayant une mobilité réduite des membres supérieurs. Fixé sur un fauteuil roulant, il permet à l’utilisateur de saisir des objets, d’ouvrir des portes ou de manger de manière autonome.

c. Innovations en matière de mobilité

Des entreprises développent également des solutions pour améliorer la mobilité des personnes en situation de handicap. Par exemple, des systèmes de navigation intelligents, basés sur l’IA, aident les personnes avec un handicap visuel ou moteur à planifier des itinéraires accessibles, facilitant ainsi leurs déplacements quotidiens.

d. Défis et perspectives

Malgré ces avancées, des défis subsistent, notamment en termes de coût, d’accessibilité et d’acceptation de ces technologies par les utilisateurs. Il est essentiel de poursuivre la recherche pour rendre ces dispositifs plus abordables et adaptés aux besoins spécifiques de chaque individu. De plus, une collaboration étroite entre les développeurs, les professionnels de santé et les utilisateurs finaux est nécessaire pour assurer le succès de ces innovations.

En conclusion, l’IA et la robotique offrent des perspectives prometteuses pour améliorer la mobilité et l’autonomie des personnes en situation de handicap, contribuant ainsi à une société plus inclusive.

5. IA et inclusion cognitive

L’intelligence artificielle joue un rôle croissant dans la promotion de l’inclusion des personnes en situation de handicap cognitif, en développant des outils et des solutions adaptés à leurs besoins spécifiques.

a. Applications de l’IA pour l’inclusion cognitive

Technologies d’assistance personnalisées : L’IA permet de créer des applications qui s’adaptent aux capacités et aux préférences des utilisateurs, facilitant ainsi leur apprentissage et leur communication. Par exemple, des assistants virtuels peuvent aider à structurer le quotidien ou à rappeler des tâches importantes.
Interfaces cerveau-ordinateur (BCI) : Ces interfaces utilisent l’IA pour interpréter les signaux cérébraux et permettre aux individus de contrôler des dispositifs externes, offrant ainsi de nouvelles possibilités d’interaction pour les personnes ayant des limitations cognitives.
Systèmes de formation et d’emploi inclusifs : Des plateformes basées sur l’IA peuvent identifier les compétences des individus et recommander des formations ou des emplois adaptés, contribuant ainsi à réduire le taux de chômage élevé parmi les personnes neurodivergentes. (Photo : pexels- ivan samkov)

b. Défis et considérations

Malgré les avancées, plusieurs défis subsistent

Biais des données : Les systèmes d’IA entraînés sur des données non représentatives peuvent perpétuer des discriminations à l’encontre des personnes en situation de handicap cognitif. Il est essentiel d’inclure des données diversifiées pour éviter ces biais.
Accessibilité financière : Les technologies basées sur l’IA doivent être abordables pour être réellement inclusives.
Participation des personnes concernées : Impliquer activement les individus avec des handicaps cognitifs dans le développement des solutions assure une meilleure adéquation aux besoins réels.

c. Perspectives futures

L’IA offre un potentiel significatif pour améliorer l’inclusion des personnes en situation de handicap cognitif. En poursuivant les recherches et en adoptant une approche éthique et inclusive, ces technologies peuvent contribuer à une société plus équitable et accessible pour tous.

6. Et demain ?

L’intelligence artificielle continue d’évoluer, offrant des perspectives prometteuses pour améliorer l’autonomie et l’inclusion des personnes en situation de handicap. Voici quelques axes de développement envisagés pour l’avenir :

a. Interfaces cerveau-machine avancées

Les interfaces cerveau-machine (ICM) permettent déjà de contrôler des dispositifs externes par la pensée. À l’avenir, ces technologies pourraient devenir plus accessibles et performantes, offrant aux personnes en situation de handicap moteur des moyens de communication et de contrôle plus intuitifs. Des chercheurs, comme Nataliya Kosmyna, travaillent sur des solutions non invasives pour faciliter l’interaction entre le cerveau et les machines.

b. Robots d’assistance intelligents

Les robots d’assistance, tels que Romeo, sont conçus pour aider les personnes âgées ou en perte d’autonomie dans leurs tâches quotidiennes. Ces robots pourraient évoluer pour offrir une assistance plus personnalisée grâce à l’IA, en apprenant les habitudes et préférences de leurs utilisateurs.

c. Applications de communication améliorées

Des applications comme Hablando con Julis, développée par Daniela Galindo Bermúdez, facilitent la communication pour les personnes ayant des troubles de la parole. À l’avenir, l’IA pourrait enrichir ces outils en offrant des traductions en temps réel ou en adaptant les interfaces aux besoins spécifiques de chaque utilisateur.

d. Défis éthiques et sociétaux

Malgré ces avancées, des défis subsistent, notamment en matière d’éthique, de protection des données et d’accessibilité financière. Il est essentiel d’encadrer le développement de ces technologies pour garantir qu’elles bénéficient à tous sans discrimination.

En conclusion, l’IA offre un potentiel considérable pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap. Toutefois, une approche collaborative impliquant chercheurs, développeurs, utilisateurs et décideurs est nécessaire pour assurer un développement éthique et inclusif de ces technologies.

Sources : Wikipedia, Le Monde, Forbes, We Forum, Kinova, Inclusive City Marker, Maxon Group, Apostrophemag, Respect Média, Brain Robotics, Alliancy, Machines Production, Viva Technology

Un PDF à télécharger « Analyse 2023 : L’intelligence artificielle : un outil utile pour les personnes en situation de handicap ? », de Marta PINTO, de Esenca
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